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RDV rue Didotou

#3 Thasos : dix siècles gravés dans le marbre. Une brève histoire au fil des inscriptions

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06min |21/01/2025
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06min |21/01/2025
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Description

Thasos : dix siècles gravés dans le marbre. Une brève histoire au fil des inscriptions, par Julien Fournier , Patrice Hamon et Natacha Trippé (Éditions EFA)


Imaginez une cité où chaque décision importante était gravée dans la pierre pour ne jamais être oubliée. C’est ainsi que fonctionnaient les cités grecques antiques, ces petites communautés indépendantes où les citoyens prenaient ensemble des décisions en assemblée. Thasos, île prospère de la mer Égée, illustre parfaitement ce modèle. Fondée au VIIᵉ siècle av. J.-C., elle a connu une histoire mouvementée, entre indépendance et domination par Athènes, la Macédoine, puis Rome.
Grâce aux fouilles menées depuis 1911, près de 2 000 inscriptions ont été découvertes, principalement sur l’agora, le cœur vivant de la cité. Ces textes, gravés sur pierre ou marbre, nous dévoilent des fragments de vie : décisions politiques, pratiques religieuses, relations sociales ou encore échanges commerciaux. Malgré les destructions au fil des siècles, les épigraphistes redonnent vie à ces témoignages en les déchiffrant et en les reconstituant.
Ces pierres, porteuses d’histoire, continuent de nous raconter l’extraordinaire aventure de Thasos et de ses habitants.


Épitomé [epitɔm(e)], [epito:m] : Abrégé d'un livre, d'une histoire; plus particulièrement précis d'histoire. Inaugurée en 2019, la collection Épitomé nait d’un pari : demander aux meilleurs spécialistes d’exposer l’essentiel d’une question portant sur la Grèce des origines à nos jours. Elle permet à l’École française d’Athènes d’exploiter de la façon la plus synthétique possible les données originales de la recherche et de valoriser auprès du public le plus large les acquis du savoir. Dans un format court, publiée simultanément en anglais, en français et en grec, cette nouvelle collection veut ainsi mettre à la portée de tous les clés pour comprendre les enjeux actuels de l’hellénisme.


Patrice HAMON, ancien élève de l’École normale supérieure et ancien membre de l’École française d’Athènes, est professeur de littérature et civilisation grecques à Paris, Sorbonne Université. Spécialiste des cités d’époque hellénistique, il est l’auteur d’une dizaine d’articles relatifs aux inscriptions de Thasos, ainsi que du premier volume du Corpus des inscriptions de Thasos (CITh III).


📢 "Les voix de la Méditerranée et des Balkans portées par l’École française d’Athènes."
📌 Ne manquez aucun épisode, abonnez-vous dès maintenant !


Crédits

Interview : Joseph Ballu (ResEFE)

Réalisation : Marina Leclercq (EFA)




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Alors ce petit ouvrage qui est donc un choix de 33 documents, en fait il est articulé à un projet scientifique beaucoup plus vaste, qui consiste à republier toutes les inscriptions thasiennes, les 2000 environ qui ont été trouvées, sous la forme d'un corpus scientifique, qui lui-même est organisé par grande période chronologique et par type de document. Et au fond, c'est ce qu'on a fait en version réduite. On trouvera là donc à peu près tous les cas de figure qu'on rencontrerait aussi dans le corpus scientifique. Nous avons pris le parti, moi et mes deux co-auteurs Julien Fournier et Natacha Trippé, de limiter le commentaire à chaque fois un paragraphe, sans note, sans jargon. Ça c'est un exercice intéressant qui prolonge en fait ce qu'on fait à l'université tous les jours. C'est un bon exemple de cité grecque et c'est un bon lieu pour étudier les inscriptions parce que c'est à la fois un exemple parfaitement banal. On va trouver à Thasos ce qu'on trouverait à peu près dans toutes les cités grecques donc c'est représentatif de cette pratique de l'écriture lapidaire, l'écriture sur pierre et puis c'est aussi original et intéressant pour plusieurs raisons c'est une cité prospère qui a beaucoup gravé pour des raisons qu'on a du mal à comprendre et qui aujourd'hui est très bien connue depuis un siècle on a dégagé l'essentiel de la ville de Thasos on connaît bien l'Αgora, les sanctuaires,on a exploré la campagne et on a donc des des documents épigraphiques qui permettent de couvrir à la fois les dix siècles d'histoire concernée, on a beaucoup de textes de l'époque archaïque et classique ce qui est rare en Grèce et ça continue jusqu'à l'époque impériale assez avancée. Et puis on a des textes à la fois juridiques, économiques, religieux, ou des textes sur la vie sociale, sur les questions de statut d'individu, sur les questions de genre. Autrement dit, on peut parcourir à peu près toutes les questions historiques que se posent aujourd'hui les historiens de la cité grecque à travers cet exemple particulier de la cité de Thasos, vu à travers ses inscriptions. L'épigraphie ne raconte pas une histoire au sens événementiel en tout cas dans le cas de Thasos on aurait bien du mal à reconstituer chronologiquement les événements sur le siècle concerné, en revanche l'épigraphie va nous apporter des documents ou des renseignements différents. L'archéologie nous fait découvrir des espaces ou des objets. L'épigraphie, elle permet d'éclairer ce qu'on pourrait appeler l'immatériel, c'est-à-dire le droit, les normes et les règles selon lesquelles on vit, le sacré, l'identité des dieux auxquels on s'adresse, les émotions des individus. quand on a affaire, par exemple, des inscriptions funéraires. Toutes ces choses-là, il faut des mots pour les exprimer, et c'est l'épigraphie qui nous permet d'y pénétrer au moins en partie. Les textes dont on parle sont des textes inscrits sur pierre, donc ce sont des textes un peu extraordinaires, qui ne correspondent pas aux usages quotidiens. Pour écrire, on utilisait du papyrus ou des supports périssables. Il n'empêche que, quand on a une vue d'ensemble des textes épigraphiques, des textes sur pierre, on en trouve dans des domaines très différents. Je prends deux exemples qui sont dans le choix. Le numéro 1, c'est une liste monumentale qui a été gravée au centre même de la cité, sur l'Agora, et qui donne le catalogue général depuis la naissance de la cité de tous les archontes, qui sont les magistrats annuels. Quand on lit ces centaines de noms, on voit très bien revenir des familles et on comprend qu'on est au cœur du pouvoir, des nantis et des personnages en vue dans la cité de Thasos. Donc là, c'est concrètement un bel exemple de l'écrit comme instrument de distinction sociale, de reconnaissance sociale. Et puis, on est très loin de là, c'est le numéro 20 du choix, c'est une épitaphe, une pierre tombale assez médiocre, qui a été trouvée très loin de la ville, dans la campagne, et c'est l'épitaphe d'un certain Manès, qui n'est pas un nom grec, c'est un barbare, c'est un étranger. Il est berger de son état, il est vraiment le plus bas possible dans l'échelle sociale. Et on ajoute à la fin de son épitaphe qu'il a bien servi ses maîtres. Autrement dit, c'est un esclave. Et ça veut dire que même ces gens qui n'avaient pas d'existence juridique reconnue, les esclaves, pouvaient quelquefois recevoir, voire faire graver eux-mêmes une inscription. Autrement dit, c'est un signe, un indice que l'usage de l'écrit. En fait, on le trouve dans toutes les couches sociales et qu'il a donc sans doute été relativement général, plus répandu qu'on peut le croire dans une cité comme Thasos.

Chapters

  • Introduction à l'ouvrage et à l'épigraphie

    00:30

  • Thasos : un exemple riche en inscriptions

    01:18

  • L'épigraphie et son rôle dans l'histoire sociale

    02:21

  • Exemples d'inscriptions et leur signification

    03:37

  • Conclusion sur l'usage de l'écrit dans la société

    05:38

Description

Thasos : dix siècles gravés dans le marbre. Une brève histoire au fil des inscriptions, par Julien Fournier , Patrice Hamon et Natacha Trippé (Éditions EFA)


Imaginez une cité où chaque décision importante était gravée dans la pierre pour ne jamais être oubliée. C’est ainsi que fonctionnaient les cités grecques antiques, ces petites communautés indépendantes où les citoyens prenaient ensemble des décisions en assemblée. Thasos, île prospère de la mer Égée, illustre parfaitement ce modèle. Fondée au VIIᵉ siècle av. J.-C., elle a connu une histoire mouvementée, entre indépendance et domination par Athènes, la Macédoine, puis Rome.
Grâce aux fouilles menées depuis 1911, près de 2 000 inscriptions ont été découvertes, principalement sur l’agora, le cœur vivant de la cité. Ces textes, gravés sur pierre ou marbre, nous dévoilent des fragments de vie : décisions politiques, pratiques religieuses, relations sociales ou encore échanges commerciaux. Malgré les destructions au fil des siècles, les épigraphistes redonnent vie à ces témoignages en les déchiffrant et en les reconstituant.
Ces pierres, porteuses d’histoire, continuent de nous raconter l’extraordinaire aventure de Thasos et de ses habitants.


Épitomé [epitɔm(e)], [epito:m] : Abrégé d'un livre, d'une histoire; plus particulièrement précis d'histoire. Inaugurée en 2019, la collection Épitomé nait d’un pari : demander aux meilleurs spécialistes d’exposer l’essentiel d’une question portant sur la Grèce des origines à nos jours. Elle permet à l’École française d’Athènes d’exploiter de la façon la plus synthétique possible les données originales de la recherche et de valoriser auprès du public le plus large les acquis du savoir. Dans un format court, publiée simultanément en anglais, en français et en grec, cette nouvelle collection veut ainsi mettre à la portée de tous les clés pour comprendre les enjeux actuels de l’hellénisme.


Patrice HAMON, ancien élève de l’École normale supérieure et ancien membre de l’École française d’Athènes, est professeur de littérature et civilisation grecques à Paris, Sorbonne Université. Spécialiste des cités d’époque hellénistique, il est l’auteur d’une dizaine d’articles relatifs aux inscriptions de Thasos, ainsi que du premier volume du Corpus des inscriptions de Thasos (CITh III).


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Interview : Joseph Ballu (ResEFE)

Réalisation : Marina Leclercq (EFA)




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Alors ce petit ouvrage qui est donc un choix de 33 documents, en fait il est articulé à un projet scientifique beaucoup plus vaste, qui consiste à republier toutes les inscriptions thasiennes, les 2000 environ qui ont été trouvées, sous la forme d'un corpus scientifique, qui lui-même est organisé par grande période chronologique et par type de document. Et au fond, c'est ce qu'on a fait en version réduite. On trouvera là donc à peu près tous les cas de figure qu'on rencontrerait aussi dans le corpus scientifique. Nous avons pris le parti, moi et mes deux co-auteurs Julien Fournier et Natacha Trippé, de limiter le commentaire à chaque fois un paragraphe, sans note, sans jargon. Ça c'est un exercice intéressant qui prolonge en fait ce qu'on fait à l'université tous les jours. C'est un bon exemple de cité grecque et c'est un bon lieu pour étudier les inscriptions parce que c'est à la fois un exemple parfaitement banal. On va trouver à Thasos ce qu'on trouverait à peu près dans toutes les cités grecques donc c'est représentatif de cette pratique de l'écriture lapidaire, l'écriture sur pierre et puis c'est aussi original et intéressant pour plusieurs raisons c'est une cité prospère qui a beaucoup gravé pour des raisons qu'on a du mal à comprendre et qui aujourd'hui est très bien connue depuis un siècle on a dégagé l'essentiel de la ville de Thasos on connaît bien l'Αgora, les sanctuaires,on a exploré la campagne et on a donc des des documents épigraphiques qui permettent de couvrir à la fois les dix siècles d'histoire concernée, on a beaucoup de textes de l'époque archaïque et classique ce qui est rare en Grèce et ça continue jusqu'à l'époque impériale assez avancée. Et puis on a des textes à la fois juridiques, économiques, religieux, ou des textes sur la vie sociale, sur les questions de statut d'individu, sur les questions de genre. Autrement dit, on peut parcourir à peu près toutes les questions historiques que se posent aujourd'hui les historiens de la cité grecque à travers cet exemple particulier de la cité de Thasos, vu à travers ses inscriptions. L'épigraphie ne raconte pas une histoire au sens événementiel en tout cas dans le cas de Thasos on aurait bien du mal à reconstituer chronologiquement les événements sur le siècle concerné, en revanche l'épigraphie va nous apporter des documents ou des renseignements différents. L'archéologie nous fait découvrir des espaces ou des objets. L'épigraphie, elle permet d'éclairer ce qu'on pourrait appeler l'immatériel, c'est-à-dire le droit, les normes et les règles selon lesquelles on vit, le sacré, l'identité des dieux auxquels on s'adresse, les émotions des individus. quand on a affaire, par exemple, des inscriptions funéraires. Toutes ces choses-là, il faut des mots pour les exprimer, et c'est l'épigraphie qui nous permet d'y pénétrer au moins en partie. Les textes dont on parle sont des textes inscrits sur pierre, donc ce sont des textes un peu extraordinaires, qui ne correspondent pas aux usages quotidiens. Pour écrire, on utilisait du papyrus ou des supports périssables. Il n'empêche que, quand on a une vue d'ensemble des textes épigraphiques, des textes sur pierre, on en trouve dans des domaines très différents. Je prends deux exemples qui sont dans le choix. Le numéro 1, c'est une liste monumentale qui a été gravée au centre même de la cité, sur l'Agora, et qui donne le catalogue général depuis la naissance de la cité de tous les archontes, qui sont les magistrats annuels. Quand on lit ces centaines de noms, on voit très bien revenir des familles et on comprend qu'on est au cœur du pouvoir, des nantis et des personnages en vue dans la cité de Thasos. Donc là, c'est concrètement un bel exemple de l'écrit comme instrument de distinction sociale, de reconnaissance sociale. Et puis, on est très loin de là, c'est le numéro 20 du choix, c'est une épitaphe, une pierre tombale assez médiocre, qui a été trouvée très loin de la ville, dans la campagne, et c'est l'épitaphe d'un certain Manès, qui n'est pas un nom grec, c'est un barbare, c'est un étranger. Il est berger de son état, il est vraiment le plus bas possible dans l'échelle sociale. Et on ajoute à la fin de son épitaphe qu'il a bien servi ses maîtres. Autrement dit, c'est un esclave. Et ça veut dire que même ces gens qui n'avaient pas d'existence juridique reconnue, les esclaves, pouvaient quelquefois recevoir, voire faire graver eux-mêmes une inscription. Autrement dit, c'est un signe, un indice que l'usage de l'écrit. En fait, on le trouve dans toutes les couches sociales et qu'il a donc sans doute été relativement général, plus répandu qu'on peut le croire dans une cité comme Thasos.

Chapters

  • Introduction à l'ouvrage et à l'épigraphie

    00:30

  • Thasos : un exemple riche en inscriptions

    01:18

  • L'épigraphie et son rôle dans l'histoire sociale

    02:21

  • Exemples d'inscriptions et leur signification

    03:37

  • Conclusion sur l'usage de l'écrit dans la société

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Imaginez une cité où chaque décision importante était gravée dans la pierre pour ne jamais être oubliée. C’est ainsi que fonctionnaient les cités grecques antiques, ces petites communautés indépendantes où les citoyens prenaient ensemble des décisions en assemblée. Thasos, île prospère de la mer Égée, illustre parfaitement ce modèle. Fondée au VIIᵉ siècle av. J.-C., elle a connu une histoire mouvementée, entre indépendance et domination par Athènes, la Macédoine, puis Rome.
Grâce aux fouilles menées depuis 1911, près de 2 000 inscriptions ont été découvertes, principalement sur l’agora, le cœur vivant de la cité. Ces textes, gravés sur pierre ou marbre, nous dévoilent des fragments de vie : décisions politiques, pratiques religieuses, relations sociales ou encore échanges commerciaux. Malgré les destructions au fil des siècles, les épigraphistes redonnent vie à ces témoignages en les déchiffrant et en les reconstituant.
Ces pierres, porteuses d’histoire, continuent de nous raconter l’extraordinaire aventure de Thasos et de ses habitants.


Épitomé [epitɔm(e)], [epito:m] : Abrégé d'un livre, d'une histoire; plus particulièrement précis d'histoire. Inaugurée en 2019, la collection Épitomé nait d’un pari : demander aux meilleurs spécialistes d’exposer l’essentiel d’une question portant sur la Grèce des origines à nos jours. Elle permet à l’École française d’Athènes d’exploiter de la façon la plus synthétique possible les données originales de la recherche et de valoriser auprès du public le plus large les acquis du savoir. Dans un format court, publiée simultanément en anglais, en français et en grec, cette nouvelle collection veut ainsi mettre à la portée de tous les clés pour comprendre les enjeux actuels de l’hellénisme.


Patrice HAMON, ancien élève de l’École normale supérieure et ancien membre de l’École française d’Athènes, est professeur de littérature et civilisation grecques à Paris, Sorbonne Université. Spécialiste des cités d’époque hellénistique, il est l’auteur d’une dizaine d’articles relatifs aux inscriptions de Thasos, ainsi que du premier volume du Corpus des inscriptions de Thasos (CITh III).


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    Alors ce petit ouvrage qui est donc un choix de 33 documents, en fait il est articulé à un projet scientifique beaucoup plus vaste, qui consiste à republier toutes les inscriptions thasiennes, les 2000 environ qui ont été trouvées, sous la forme d'un corpus scientifique, qui lui-même est organisé par grande période chronologique et par type de document. Et au fond, c'est ce qu'on a fait en version réduite. On trouvera là donc à peu près tous les cas de figure qu'on rencontrerait aussi dans le corpus scientifique. Nous avons pris le parti, moi et mes deux co-auteurs Julien Fournier et Natacha Trippé, de limiter le commentaire à chaque fois un paragraphe, sans note, sans jargon. Ça c'est un exercice intéressant qui prolonge en fait ce qu'on fait à l'université tous les jours. C'est un bon exemple de cité grecque et c'est un bon lieu pour étudier les inscriptions parce que c'est à la fois un exemple parfaitement banal. On va trouver à Thasos ce qu'on trouverait à peu près dans toutes les cités grecques donc c'est représentatif de cette pratique de l'écriture lapidaire, l'écriture sur pierre et puis c'est aussi original et intéressant pour plusieurs raisons c'est une cité prospère qui a beaucoup gravé pour des raisons qu'on a du mal à comprendre et qui aujourd'hui est très bien connue depuis un siècle on a dégagé l'essentiel de la ville de Thasos on connaît bien l'Αgora, les sanctuaires,on a exploré la campagne et on a donc des des documents épigraphiques qui permettent de couvrir à la fois les dix siècles d'histoire concernée, on a beaucoup de textes de l'époque archaïque et classique ce qui est rare en Grèce et ça continue jusqu'à l'époque impériale assez avancée. Et puis on a des textes à la fois juridiques, économiques, religieux, ou des textes sur la vie sociale, sur les questions de statut d'individu, sur les questions de genre. Autrement dit, on peut parcourir à peu près toutes les questions historiques que se posent aujourd'hui les historiens de la cité grecque à travers cet exemple particulier de la cité de Thasos, vu à travers ses inscriptions. L'épigraphie ne raconte pas une histoire au sens événementiel en tout cas dans le cas de Thasos on aurait bien du mal à reconstituer chronologiquement les événements sur le siècle concerné, en revanche l'épigraphie va nous apporter des documents ou des renseignements différents. L'archéologie nous fait découvrir des espaces ou des objets. L'épigraphie, elle permet d'éclairer ce qu'on pourrait appeler l'immatériel, c'est-à-dire le droit, les normes et les règles selon lesquelles on vit, le sacré, l'identité des dieux auxquels on s'adresse, les émotions des individus. quand on a affaire, par exemple, des inscriptions funéraires. Toutes ces choses-là, il faut des mots pour les exprimer, et c'est l'épigraphie qui nous permet d'y pénétrer au moins en partie. Les textes dont on parle sont des textes inscrits sur pierre, donc ce sont des textes un peu extraordinaires, qui ne correspondent pas aux usages quotidiens. Pour écrire, on utilisait du papyrus ou des supports périssables. Il n'empêche que, quand on a une vue d'ensemble des textes épigraphiques, des textes sur pierre, on en trouve dans des domaines très différents. Je prends deux exemples qui sont dans le choix. Le numéro 1, c'est une liste monumentale qui a été gravée au centre même de la cité, sur l'Agora, et qui donne le catalogue général depuis la naissance de la cité de tous les archontes, qui sont les magistrats annuels. Quand on lit ces centaines de noms, on voit très bien revenir des familles et on comprend qu'on est au cœur du pouvoir, des nantis et des personnages en vue dans la cité de Thasos. Donc là, c'est concrètement un bel exemple de l'écrit comme instrument de distinction sociale, de reconnaissance sociale. Et puis, on est très loin de là, c'est le numéro 20 du choix, c'est une épitaphe, une pierre tombale assez médiocre, qui a été trouvée très loin de la ville, dans la campagne, et c'est l'épitaphe d'un certain Manès, qui n'est pas un nom grec, c'est un barbare, c'est un étranger. Il est berger de son état, il est vraiment le plus bas possible dans l'échelle sociale. Et on ajoute à la fin de son épitaphe qu'il a bien servi ses maîtres. Autrement dit, c'est un esclave. Et ça veut dire que même ces gens qui n'avaient pas d'existence juridique reconnue, les esclaves, pouvaient quelquefois recevoir, voire faire graver eux-mêmes une inscription. Autrement dit, c'est un signe, un indice que l'usage de l'écrit. En fait, on le trouve dans toutes les couches sociales et qu'il a donc sans doute été relativement général, plus répandu qu'on peut le croire dans une cité comme Thasos.

Chapters

  • Introduction à l'ouvrage et à l'épigraphie

    00:30

  • Thasos : un exemple riche en inscriptions

    01:18

  • L'épigraphie et son rôle dans l'histoire sociale

    02:21

  • Exemples d'inscriptions et leur signification

    03:37

  • Conclusion sur l'usage de l'écrit dans la société

    05:38

Description

Thasos : dix siècles gravés dans le marbre. Une brève histoire au fil des inscriptions, par Julien Fournier , Patrice Hamon et Natacha Trippé (Éditions EFA)


Imaginez une cité où chaque décision importante était gravée dans la pierre pour ne jamais être oubliée. C’est ainsi que fonctionnaient les cités grecques antiques, ces petites communautés indépendantes où les citoyens prenaient ensemble des décisions en assemblée. Thasos, île prospère de la mer Égée, illustre parfaitement ce modèle. Fondée au VIIᵉ siècle av. J.-C., elle a connu une histoire mouvementée, entre indépendance et domination par Athènes, la Macédoine, puis Rome.
Grâce aux fouilles menées depuis 1911, près de 2 000 inscriptions ont été découvertes, principalement sur l’agora, le cœur vivant de la cité. Ces textes, gravés sur pierre ou marbre, nous dévoilent des fragments de vie : décisions politiques, pratiques religieuses, relations sociales ou encore échanges commerciaux. Malgré les destructions au fil des siècles, les épigraphistes redonnent vie à ces témoignages en les déchiffrant et en les reconstituant.
Ces pierres, porteuses d’histoire, continuent de nous raconter l’extraordinaire aventure de Thasos et de ses habitants.


Épitomé [epitɔm(e)], [epito:m] : Abrégé d'un livre, d'une histoire; plus particulièrement précis d'histoire. Inaugurée en 2019, la collection Épitomé nait d’un pari : demander aux meilleurs spécialistes d’exposer l’essentiel d’une question portant sur la Grèce des origines à nos jours. Elle permet à l’École française d’Athènes d’exploiter de la façon la plus synthétique possible les données originales de la recherche et de valoriser auprès du public le plus large les acquis du savoir. Dans un format court, publiée simultanément en anglais, en français et en grec, cette nouvelle collection veut ainsi mettre à la portée de tous les clés pour comprendre les enjeux actuels de l’hellénisme.


Patrice HAMON, ancien élève de l’École normale supérieure et ancien membre de l’École française d’Athènes, est professeur de littérature et civilisation grecques à Paris, Sorbonne Université. Spécialiste des cités d’époque hellénistique, il est l’auteur d’une dizaine d’articles relatifs aux inscriptions de Thasos, ainsi que du premier volume du Corpus des inscriptions de Thasos (CITh III).


📢 "Les voix de la Méditerranée et des Balkans portées par l’École française d’Athènes."
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Réalisation : Marina Leclercq (EFA)




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Transcription

  • Speaker #0

    Alors ce petit ouvrage qui est donc un choix de 33 documents, en fait il est articulé à un projet scientifique beaucoup plus vaste, qui consiste à republier toutes les inscriptions thasiennes, les 2000 environ qui ont été trouvées, sous la forme d'un corpus scientifique, qui lui-même est organisé par grande période chronologique et par type de document. Et au fond, c'est ce qu'on a fait en version réduite. On trouvera là donc à peu près tous les cas de figure qu'on rencontrerait aussi dans le corpus scientifique. Nous avons pris le parti, moi et mes deux co-auteurs Julien Fournier et Natacha Trippé, de limiter le commentaire à chaque fois un paragraphe, sans note, sans jargon. Ça c'est un exercice intéressant qui prolonge en fait ce qu'on fait à l'université tous les jours. C'est un bon exemple de cité grecque et c'est un bon lieu pour étudier les inscriptions parce que c'est à la fois un exemple parfaitement banal. On va trouver à Thasos ce qu'on trouverait à peu près dans toutes les cités grecques donc c'est représentatif de cette pratique de l'écriture lapidaire, l'écriture sur pierre et puis c'est aussi original et intéressant pour plusieurs raisons c'est une cité prospère qui a beaucoup gravé pour des raisons qu'on a du mal à comprendre et qui aujourd'hui est très bien connue depuis un siècle on a dégagé l'essentiel de la ville de Thasos on connaît bien l'Αgora, les sanctuaires,on a exploré la campagne et on a donc des des documents épigraphiques qui permettent de couvrir à la fois les dix siècles d'histoire concernée, on a beaucoup de textes de l'époque archaïque et classique ce qui est rare en Grèce et ça continue jusqu'à l'époque impériale assez avancée. Et puis on a des textes à la fois juridiques, économiques, religieux, ou des textes sur la vie sociale, sur les questions de statut d'individu, sur les questions de genre. Autrement dit, on peut parcourir à peu près toutes les questions historiques que se posent aujourd'hui les historiens de la cité grecque à travers cet exemple particulier de la cité de Thasos, vu à travers ses inscriptions. L'épigraphie ne raconte pas une histoire au sens événementiel en tout cas dans le cas de Thasos on aurait bien du mal à reconstituer chronologiquement les événements sur le siècle concerné, en revanche l'épigraphie va nous apporter des documents ou des renseignements différents. L'archéologie nous fait découvrir des espaces ou des objets. L'épigraphie, elle permet d'éclairer ce qu'on pourrait appeler l'immatériel, c'est-à-dire le droit, les normes et les règles selon lesquelles on vit, le sacré, l'identité des dieux auxquels on s'adresse, les émotions des individus. quand on a affaire, par exemple, des inscriptions funéraires. Toutes ces choses-là, il faut des mots pour les exprimer, et c'est l'épigraphie qui nous permet d'y pénétrer au moins en partie. Les textes dont on parle sont des textes inscrits sur pierre, donc ce sont des textes un peu extraordinaires, qui ne correspondent pas aux usages quotidiens. Pour écrire, on utilisait du papyrus ou des supports périssables. Il n'empêche que, quand on a une vue d'ensemble des textes épigraphiques, des textes sur pierre, on en trouve dans des domaines très différents. Je prends deux exemples qui sont dans le choix. Le numéro 1, c'est une liste monumentale qui a été gravée au centre même de la cité, sur l'Agora, et qui donne le catalogue général depuis la naissance de la cité de tous les archontes, qui sont les magistrats annuels. Quand on lit ces centaines de noms, on voit très bien revenir des familles et on comprend qu'on est au cœur du pouvoir, des nantis et des personnages en vue dans la cité de Thasos. Donc là, c'est concrètement un bel exemple de l'écrit comme instrument de distinction sociale, de reconnaissance sociale. Et puis, on est très loin de là, c'est le numéro 20 du choix, c'est une épitaphe, une pierre tombale assez médiocre, qui a été trouvée très loin de la ville, dans la campagne, et c'est l'épitaphe d'un certain Manès, qui n'est pas un nom grec, c'est un barbare, c'est un étranger. Il est berger de son état, il est vraiment le plus bas possible dans l'échelle sociale. Et on ajoute à la fin de son épitaphe qu'il a bien servi ses maîtres. Autrement dit, c'est un esclave. Et ça veut dire que même ces gens qui n'avaient pas d'existence juridique reconnue, les esclaves, pouvaient quelquefois recevoir, voire faire graver eux-mêmes une inscription. Autrement dit, c'est un signe, un indice que l'usage de l'écrit. En fait, on le trouve dans toutes les couches sociales et qu'il a donc sans doute été relativement général, plus répandu qu'on peut le croire dans une cité comme Thasos.

Chapters

  • Introduction à l'ouvrage et à l'épigraphie

    00:30

  • Thasos : un exemple riche en inscriptions

    01:18

  • L'épigraphie et son rôle dans l'histoire sociale

    02:21

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  • Conclusion sur l'usage de l'écrit dans la société

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