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RDV rue Didotou

#4 Poisons sociaux. Histoire des stupéfiants en Grèce (1875-1950)

#4 Poisons sociaux. Histoire des stupéfiants en Grèce (1875-1950)

06min |21/01/2025
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Description

Poisons sociaux. Histoire des stupéfiants en Grèce (1875-1950), par Konstantinos Gkotsinas (Éditions EFA)


Les Poisons sociaux analysent pourquoi et comment, à la fin du XIXe et au début du XXe s., la consommation de substances toxiques s’est érigée en une question sociale qui a provoqué les plus vives inquiétudes auprès des contemporains. Tirant parti d’une grande variété de sources (textes législatifs, archives policières, documents diplomatiques, ouvrages criminologiques, médicaux et psychiatriques, articles de presse, écrits littéraires et autres créations artistiques, comme les chansons populaires appelées rébétika), cette étude apporte un éclairage nouveau sur un processus historique complexe : l’avènement de la « toxicomanie », où se rencontrent usages médicaux et récréatifs de substances psychoactives, politiques de prohibition de la production, du commerce et de la consommation des stupéfiants, ainsi que peurs plus larges et historiquement définies de la société grecque dans une période de transition. C’est le moment où la superficie et la population du pays doublent, où la question de la modernisation se pose avec insistance et où des évolutions telles l’arrivée en masse de nouvelles populations, la renégociation du rôle des femmes ou l’apparition de nouveaux courants idéologiques ébranlent l’ordre établi et les points de référence traditionnels. En examinant tous ces aspects de manière synthétique, le livre met en lumière la forme et l’ampleur de l’usage de drogues en Grèce, qu’il insère d’une part dans le cadre législatif, social et culturel de l’époque et d’autre part dans le contexte plus large de l’histoire des stupéfiants en Méditerranée orientale, en Europe et dans le monde. De la sorte, les Poisons sociaux constituent aussi bien une approche originale et insolite de l’histoire de la Grèce au début du XXe s., qu’une mise en perspective historique des interrogations actuelles et du débat public sur les politiques en matière de drogues.

Kostis Gkotsinas est historien, membre scientifique de l’École française d’Athènes. Il a fait ses études à l’Université nationale et capodistrienne d’Athènes et a obtenu son doctorat à l’École des hautes études en sciences sociales (Paris). Il a également effectué un post-doctorat à l’université de Crète et a enseigné à l’université de Thessalie. Ses intérêts scientifiques et ses publications portent sur divers domaines de l’histoire sociale et culturelle : les substances psychoactives, la déviance, les loisirs, la sexualité et le genre, la santé ou encore la Première Guerre mondiale.


📢 "Les voix de la Méditerranée et des Balkans portées par l’École française d’Athènes."
📌 Ne manquez aucun épisode, abonnez-vous dès maintenant !


Crédits

Interview : Samia Samara (EFA)

Réalisation : Marina Leclercq (EFA)




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Ce livre est une version rémanié de ma thèse soutenue il y a quelques années, que j'ai rémanié un peu, enrichi aussi en regardant des sources supplémentaires. Et l'idée m'était venue d'étudier ce sujet qui n'est pas très à la mode, si je peux dire, dans la recherche historique. Et à partir de cette question initiale, c'est-à-dire pourquoi les drogues ont été prohibées et qu'est-ce que ça a signifié pour la société, J'ai commencé à étudier les phénomènes en Grèce. Ces changements concernent aussi la consommation de stupéfiants parce que la Grèce s'adapte à un mouvement plus large, plus international de prohibition des drogues en adhérant à des mouvements internationaux contre les drogues qui sont menées pendant les années 1920-1930 par la Société des Nations, et elle s'engage à adopter des lois prohibitives. En même temps, dans les grandes villes grecques, il y a la police des villes qui est installée et qui est chargée de contrôler la vente et la consommation de drogue. Et donc, on peut voir l'histoire grecque de la période aussi à travers ce prisme de la prohibition des drogues. C'est ce que j'ai essayé de faire, surtout dans la deuxième partie de ce livres. La consommation de drogue est un phénomène millénaire. Ce qui change, c'est chaque fois la substance et les conditions sous lesquelles on consomme des substances psychoactives, comme on peut les appeler, parce que le terme stupéfiant, drogue, narcotique, est un peu problématique dans la longue durée. Donc il y avait des substances qu'on consommait dans l'Antiquité et après la découverte des Amériques, il y a eu beaucoup de nouvelles substances qui ont été amenées en Europe. Dans le cas grecs, il y a au moins depuis la fin du 19e siècle, des sources qui témoignent de la production et de la consommation du chanvre indien, surtout dans le Péloponnèse. Et dans les années 1920, la Grèce hérite, d'une partie de la Macédoine où il y a des cultures du pavot. Donc la Grèce se retrouve au bout de quelques décennies parmi les pays producteurs de stupéfiants. En même temps, on constate une augmentation de la consommation des drogues. Et c'est ce qui commence à poser problème pour les autorités et pour le monde médical qui découvre en quelque sorte, ou plutôt invente, la notion de la dépendance, de la toxicomanie comme on l'appelle à l'époque, avec ses diverses versions, la morphinomanie, l'héroïnomanie, etc. Dans cette période, il y a un changement qui s'effectue dans la manière dont les gens comprennent des substances qui jusqu'alors étaient consommées quotidiennement dans quelques cas, et en tout cas qui étaient intégrées dans des rituels sociaux ou religieux. Donc depuis la fin du 19e siècle, il y a ce concept de la toxicomanie ou de la dépendance qui se développe et qui change la manière dont les gens perçoivent la drogue. Il y a un petit livre qui est paru en 1928 en Égypte, écrit par un médecin grec qui faisait partie de la communauté grecque d'Égypte et qui s'appelle justement Poison Sociaux. C'est cet ouvrage qui m'a inspiré pour le titre de ce livre. C'est intéressant parce qu'il s'agit... des substances comme la morphine, la cocaïne, les chanvre indiens, mais il y intègre aussi le café ou le thé et on ne trouve pas de substances comme l'héroïne, où je crois qu'il fait une petite mention d'une demi-page. Donc déjà ça m'a intrigué parce que voilà, il traitait des poisons, des substances qui... d'un point de vue chimique ou pharmacologique, peuvent effectivement avoir une action de poison à l'organisme, mais il choisit de les appeler de poisons sociaux. C'est le deuxième élément qui m'a intrigué, parce que selon lui, c'est des poisons qui n'ont pas seulement une action sur l'individu, du point de vue somatique, sur son organisme, mais aussi sur la société en général.... Et c'est ça qui, je crois, est très intéressant, qu'il s'agit d'une pratique individuelle qui commence à inquiéter les gens de plus en plus parce qu'elle est perçue comme un danger social. Donc c'est pour cela que j'ai choisi ce titre qui n'est pas une dénonciation des drogues comme on peut le trouver dans des campagnes contre les drogues, mais c'est un terme repris à cet ouvrage, publié à la fin des années 1920, qui sont justement la période où on a cette transition de consommation plutôt intégrée socialement à des consommations qui deviennent de plus en plus montrées du doigt, persécutées, et de cette sorte les gens, les consommateurs et les consommatrices, eux aussi, ils commencent à devenir des gens à la marge de la société.

Chapters

  • Introduction à la recherche sur la prohibition des drogues en Grèce

    00:30

  • L'impact des mouvements internationaux de prohibition

    00:51

  • L'évolution de la consommation de drogues en Grèce

    01:49

  • La perception changeante des drogues et de la dépendance

    03:40

  • Les "poisons sociaux" et leur impact sur la société

    05:32

Description

Poisons sociaux. Histoire des stupéfiants en Grèce (1875-1950), par Konstantinos Gkotsinas (Éditions EFA)


Les Poisons sociaux analysent pourquoi et comment, à la fin du XIXe et au début du XXe s., la consommation de substances toxiques s’est érigée en une question sociale qui a provoqué les plus vives inquiétudes auprès des contemporains. Tirant parti d’une grande variété de sources (textes législatifs, archives policières, documents diplomatiques, ouvrages criminologiques, médicaux et psychiatriques, articles de presse, écrits littéraires et autres créations artistiques, comme les chansons populaires appelées rébétika), cette étude apporte un éclairage nouveau sur un processus historique complexe : l’avènement de la « toxicomanie », où se rencontrent usages médicaux et récréatifs de substances psychoactives, politiques de prohibition de la production, du commerce et de la consommation des stupéfiants, ainsi que peurs plus larges et historiquement définies de la société grecque dans une période de transition. C’est le moment où la superficie et la population du pays doublent, où la question de la modernisation se pose avec insistance et où des évolutions telles l’arrivée en masse de nouvelles populations, la renégociation du rôle des femmes ou l’apparition de nouveaux courants idéologiques ébranlent l’ordre établi et les points de référence traditionnels. En examinant tous ces aspects de manière synthétique, le livre met en lumière la forme et l’ampleur de l’usage de drogues en Grèce, qu’il insère d’une part dans le cadre législatif, social et culturel de l’époque et d’autre part dans le contexte plus large de l’histoire des stupéfiants en Méditerranée orientale, en Europe et dans le monde. De la sorte, les Poisons sociaux constituent aussi bien une approche originale et insolite de l’histoire de la Grèce au début du XXe s., qu’une mise en perspective historique des interrogations actuelles et du débat public sur les politiques en matière de drogues.

Kostis Gkotsinas est historien, membre scientifique de l’École française d’Athènes. Il a fait ses études à l’Université nationale et capodistrienne d’Athènes et a obtenu son doctorat à l’École des hautes études en sciences sociales (Paris). Il a également effectué un post-doctorat à l’université de Crète et a enseigné à l’université de Thessalie. Ses intérêts scientifiques et ses publications portent sur divers domaines de l’histoire sociale et culturelle : les substances psychoactives, la déviance, les loisirs, la sexualité et le genre, la santé ou encore la Première Guerre mondiale.


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Transcription

  • Speaker #0

    Ce livre est une version rémanié de ma thèse soutenue il y a quelques années, que j'ai rémanié un peu, enrichi aussi en regardant des sources supplémentaires. Et l'idée m'était venue d'étudier ce sujet qui n'est pas très à la mode, si je peux dire, dans la recherche historique. Et à partir de cette question initiale, c'est-à-dire pourquoi les drogues ont été prohibées et qu'est-ce que ça a signifié pour la société, J'ai commencé à étudier les phénomènes en Grèce. Ces changements concernent aussi la consommation de stupéfiants parce que la Grèce s'adapte à un mouvement plus large, plus international de prohibition des drogues en adhérant à des mouvements internationaux contre les drogues qui sont menées pendant les années 1920-1930 par la Société des Nations, et elle s'engage à adopter des lois prohibitives. En même temps, dans les grandes villes grecques, il y a la police des villes qui est installée et qui est chargée de contrôler la vente et la consommation de drogue. Et donc, on peut voir l'histoire grecque de la période aussi à travers ce prisme de la prohibition des drogues. C'est ce que j'ai essayé de faire, surtout dans la deuxième partie de ce livres. La consommation de drogue est un phénomène millénaire. Ce qui change, c'est chaque fois la substance et les conditions sous lesquelles on consomme des substances psychoactives, comme on peut les appeler, parce que le terme stupéfiant, drogue, narcotique, est un peu problématique dans la longue durée. Donc il y avait des substances qu'on consommait dans l'Antiquité et après la découverte des Amériques, il y a eu beaucoup de nouvelles substances qui ont été amenées en Europe. Dans le cas grecs, il y a au moins depuis la fin du 19e siècle, des sources qui témoignent de la production et de la consommation du chanvre indien, surtout dans le Péloponnèse. Et dans les années 1920, la Grèce hérite, d'une partie de la Macédoine où il y a des cultures du pavot. Donc la Grèce se retrouve au bout de quelques décennies parmi les pays producteurs de stupéfiants. En même temps, on constate une augmentation de la consommation des drogues. Et c'est ce qui commence à poser problème pour les autorités et pour le monde médical qui découvre en quelque sorte, ou plutôt invente, la notion de la dépendance, de la toxicomanie comme on l'appelle à l'époque, avec ses diverses versions, la morphinomanie, l'héroïnomanie, etc. Dans cette période, il y a un changement qui s'effectue dans la manière dont les gens comprennent des substances qui jusqu'alors étaient consommées quotidiennement dans quelques cas, et en tout cas qui étaient intégrées dans des rituels sociaux ou religieux. Donc depuis la fin du 19e siècle, il y a ce concept de la toxicomanie ou de la dépendance qui se développe et qui change la manière dont les gens perçoivent la drogue. Il y a un petit livre qui est paru en 1928 en Égypte, écrit par un médecin grec qui faisait partie de la communauté grecque d'Égypte et qui s'appelle justement Poison Sociaux. C'est cet ouvrage qui m'a inspiré pour le titre de ce livre. C'est intéressant parce qu'il s'agit... des substances comme la morphine, la cocaïne, les chanvre indiens, mais il y intègre aussi le café ou le thé et on ne trouve pas de substances comme l'héroïne, où je crois qu'il fait une petite mention d'une demi-page. Donc déjà ça m'a intrigué parce que voilà, il traitait des poisons, des substances qui... d'un point de vue chimique ou pharmacologique, peuvent effectivement avoir une action de poison à l'organisme, mais il choisit de les appeler de poisons sociaux. C'est le deuxième élément qui m'a intrigué, parce que selon lui, c'est des poisons qui n'ont pas seulement une action sur l'individu, du point de vue somatique, sur son organisme, mais aussi sur la société en général.... Et c'est ça qui, je crois, est très intéressant, qu'il s'agit d'une pratique individuelle qui commence à inquiéter les gens de plus en plus parce qu'elle est perçue comme un danger social. Donc c'est pour cela que j'ai choisi ce titre qui n'est pas une dénonciation des drogues comme on peut le trouver dans des campagnes contre les drogues, mais c'est un terme repris à cet ouvrage, publié à la fin des années 1920, qui sont justement la période où on a cette transition de consommation plutôt intégrée socialement à des consommations qui deviennent de plus en plus montrées du doigt, persécutées, et de cette sorte les gens, les consommateurs et les consommatrices, eux aussi, ils commencent à devenir des gens à la marge de la société.

Chapters

  • Introduction à la recherche sur la prohibition des drogues en Grèce

    00:30

  • L'impact des mouvements internationaux de prohibition

    00:51

  • L'évolution de la consommation de drogues en Grèce

    01:49

  • La perception changeante des drogues et de la dépendance

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  • Les "poisons sociaux" et leur impact sur la société

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Les Poisons sociaux analysent pourquoi et comment, à la fin du XIXe et au début du XXe s., la consommation de substances toxiques s’est érigée en une question sociale qui a provoqué les plus vives inquiétudes auprès des contemporains. Tirant parti d’une grande variété de sources (textes législatifs, archives policières, documents diplomatiques, ouvrages criminologiques, médicaux et psychiatriques, articles de presse, écrits littéraires et autres créations artistiques, comme les chansons populaires appelées rébétika), cette étude apporte un éclairage nouveau sur un processus historique complexe : l’avènement de la « toxicomanie », où se rencontrent usages médicaux et récréatifs de substances psychoactives, politiques de prohibition de la production, du commerce et de la consommation des stupéfiants, ainsi que peurs plus larges et historiquement définies de la société grecque dans une période de transition. C’est le moment où la superficie et la population du pays doublent, où la question de la modernisation se pose avec insistance et où des évolutions telles l’arrivée en masse de nouvelles populations, la renégociation du rôle des femmes ou l’apparition de nouveaux courants idéologiques ébranlent l’ordre établi et les points de référence traditionnels. En examinant tous ces aspects de manière synthétique, le livre met en lumière la forme et l’ampleur de l’usage de drogues en Grèce, qu’il insère d’une part dans le cadre législatif, social et culturel de l’époque et d’autre part dans le contexte plus large de l’histoire des stupéfiants en Méditerranée orientale, en Europe et dans le monde. De la sorte, les Poisons sociaux constituent aussi bien une approche originale et insolite de l’histoire de la Grèce au début du XXe s., qu’une mise en perspective historique des interrogations actuelles et du débat public sur les politiques en matière de drogues.

Kostis Gkotsinas est historien, membre scientifique de l’École française d’Athènes. Il a fait ses études à l’Université nationale et capodistrienne d’Athènes et a obtenu son doctorat à l’École des hautes études en sciences sociales (Paris). Il a également effectué un post-doctorat à l’université de Crète et a enseigné à l’université de Thessalie. Ses intérêts scientifiques et ses publications portent sur divers domaines de l’histoire sociale et culturelle : les substances psychoactives, la déviance, les loisirs, la sexualité et le genre, la santé ou encore la Première Guerre mondiale.


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Chapters

  • Introduction à la recherche sur la prohibition des drogues en Grèce

    00:30

  • L'impact des mouvements internationaux de prohibition

    00:51

  • L'évolution de la consommation de drogues en Grèce

    01:49

  • La perception changeante des drogues et de la dépendance

    03:40

  • Les "poisons sociaux" et leur impact sur la société

    05:32

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Les Poisons sociaux analysent pourquoi et comment, à la fin du XIXe et au début du XXe s., la consommation de substances toxiques s’est érigée en une question sociale qui a provoqué les plus vives inquiétudes auprès des contemporains. Tirant parti d’une grande variété de sources (textes législatifs, archives policières, documents diplomatiques, ouvrages criminologiques, médicaux et psychiatriques, articles de presse, écrits littéraires et autres créations artistiques, comme les chansons populaires appelées rébétika), cette étude apporte un éclairage nouveau sur un processus historique complexe : l’avènement de la « toxicomanie », où se rencontrent usages médicaux et récréatifs de substances psychoactives, politiques de prohibition de la production, du commerce et de la consommation des stupéfiants, ainsi que peurs plus larges et historiquement définies de la société grecque dans une période de transition. C’est le moment où la superficie et la population du pays doublent, où la question de la modernisation se pose avec insistance et où des évolutions telles l’arrivée en masse de nouvelles populations, la renégociation du rôle des femmes ou l’apparition de nouveaux courants idéologiques ébranlent l’ordre établi et les points de référence traditionnels. En examinant tous ces aspects de manière synthétique, le livre met en lumière la forme et l’ampleur de l’usage de drogues en Grèce, qu’il insère d’une part dans le cadre législatif, social et culturel de l’époque et d’autre part dans le contexte plus large de l’histoire des stupéfiants en Méditerranée orientale, en Europe et dans le monde. De la sorte, les Poisons sociaux constituent aussi bien une approche originale et insolite de l’histoire de la Grèce au début du XXe s., qu’une mise en perspective historique des interrogations actuelles et du débat public sur les politiques en matière de drogues.

Kostis Gkotsinas est historien, membre scientifique de l’École française d’Athènes. Il a fait ses études à l’Université nationale et capodistrienne d’Athènes et a obtenu son doctorat à l’École des hautes études en sciences sociales (Paris). Il a également effectué un post-doctorat à l’université de Crète et a enseigné à l’université de Thessalie. Ses intérêts scientifiques et ses publications portent sur divers domaines de l’histoire sociale et culturelle : les substances psychoactives, la déviance, les loisirs, la sexualité et le genre, la santé ou encore la Première Guerre mondiale.


📢 "Les voix de la Méditerranée et des Balkans portées par l’École française d’Athènes."
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Transcription

  • Speaker #0

    Ce livre est une version rémanié de ma thèse soutenue il y a quelques années, que j'ai rémanié un peu, enrichi aussi en regardant des sources supplémentaires. Et l'idée m'était venue d'étudier ce sujet qui n'est pas très à la mode, si je peux dire, dans la recherche historique. Et à partir de cette question initiale, c'est-à-dire pourquoi les drogues ont été prohibées et qu'est-ce que ça a signifié pour la société, J'ai commencé à étudier les phénomènes en Grèce. Ces changements concernent aussi la consommation de stupéfiants parce que la Grèce s'adapte à un mouvement plus large, plus international de prohibition des drogues en adhérant à des mouvements internationaux contre les drogues qui sont menées pendant les années 1920-1930 par la Société des Nations, et elle s'engage à adopter des lois prohibitives. En même temps, dans les grandes villes grecques, il y a la police des villes qui est installée et qui est chargée de contrôler la vente et la consommation de drogue. Et donc, on peut voir l'histoire grecque de la période aussi à travers ce prisme de la prohibition des drogues. C'est ce que j'ai essayé de faire, surtout dans la deuxième partie de ce livres. La consommation de drogue est un phénomène millénaire. Ce qui change, c'est chaque fois la substance et les conditions sous lesquelles on consomme des substances psychoactives, comme on peut les appeler, parce que le terme stupéfiant, drogue, narcotique, est un peu problématique dans la longue durée. Donc il y avait des substances qu'on consommait dans l'Antiquité et après la découverte des Amériques, il y a eu beaucoup de nouvelles substances qui ont été amenées en Europe. Dans le cas grecs, il y a au moins depuis la fin du 19e siècle, des sources qui témoignent de la production et de la consommation du chanvre indien, surtout dans le Péloponnèse. Et dans les années 1920, la Grèce hérite, d'une partie de la Macédoine où il y a des cultures du pavot. Donc la Grèce se retrouve au bout de quelques décennies parmi les pays producteurs de stupéfiants. En même temps, on constate une augmentation de la consommation des drogues. Et c'est ce qui commence à poser problème pour les autorités et pour le monde médical qui découvre en quelque sorte, ou plutôt invente, la notion de la dépendance, de la toxicomanie comme on l'appelle à l'époque, avec ses diverses versions, la morphinomanie, l'héroïnomanie, etc. Dans cette période, il y a un changement qui s'effectue dans la manière dont les gens comprennent des substances qui jusqu'alors étaient consommées quotidiennement dans quelques cas, et en tout cas qui étaient intégrées dans des rituels sociaux ou religieux. Donc depuis la fin du 19e siècle, il y a ce concept de la toxicomanie ou de la dépendance qui se développe et qui change la manière dont les gens perçoivent la drogue. Il y a un petit livre qui est paru en 1928 en Égypte, écrit par un médecin grec qui faisait partie de la communauté grecque d'Égypte et qui s'appelle justement Poison Sociaux. C'est cet ouvrage qui m'a inspiré pour le titre de ce livre. C'est intéressant parce qu'il s'agit... des substances comme la morphine, la cocaïne, les chanvre indiens, mais il y intègre aussi le café ou le thé et on ne trouve pas de substances comme l'héroïne, où je crois qu'il fait une petite mention d'une demi-page. Donc déjà ça m'a intrigué parce que voilà, il traitait des poisons, des substances qui... d'un point de vue chimique ou pharmacologique, peuvent effectivement avoir une action de poison à l'organisme, mais il choisit de les appeler de poisons sociaux. C'est le deuxième élément qui m'a intrigué, parce que selon lui, c'est des poisons qui n'ont pas seulement une action sur l'individu, du point de vue somatique, sur son organisme, mais aussi sur la société en général.... Et c'est ça qui, je crois, est très intéressant, qu'il s'agit d'une pratique individuelle qui commence à inquiéter les gens de plus en plus parce qu'elle est perçue comme un danger social. Donc c'est pour cela que j'ai choisi ce titre qui n'est pas une dénonciation des drogues comme on peut le trouver dans des campagnes contre les drogues, mais c'est un terme repris à cet ouvrage, publié à la fin des années 1920, qui sont justement la période où on a cette transition de consommation plutôt intégrée socialement à des consommations qui deviennent de plus en plus montrées du doigt, persécutées, et de cette sorte les gens, les consommateurs et les consommatrices, eux aussi, ils commencent à devenir des gens à la marge de la société.

Chapters

  • Introduction à la recherche sur la prohibition des drogues en Grèce

    00:30

  • L'impact des mouvements internationaux de prohibition

    00:51

  • L'évolution de la consommation de drogues en Grèce

    01:49

  • La perception changeante des drogues et de la dépendance

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