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#7 La rencontre pacifique de deux mondes chrétiens. Les monastères de la Péribleptos et de la Pantanassa à Mistra cover
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RDV rue Didotou

#7 La rencontre pacifique de deux mondes chrétiens. Les monastères de la Péribleptos et de la Pantanassa à Mistra

#7 La rencontre pacifique de deux mondes chrétiens. Les monastères de la Péribleptos et de la Pantanassa à Mistra

13min |10/03/2025
Play
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Description

La rencontre pacifique de deux mondes chrétiens. Les monastères de la Péribleptos et de la Pantanassa à Mistra, par Aspasía Loúvī-Kízī (Éditions EFA)


En publiant en français cet ouvrage, dont une première version a d’abord paru en grec sous les auspices de l’Académie d’Athènes, l’École française d’Athènes fait connaître les recherches d’une grande spécialiste du Péloponnèse franc et byzantin, Aspasia Louvi-Kizi, dont le travail révèle toute la complexité des formes architecturales, des emprunts et des modèles repérables dans les monuments de la ville byzantine et médiévale de Mistra. Parmi les créations architecturales du couple de despotes, Manuel Cantacuzène (1349-1380) et son épouse Isabelle de Lusignan, qui a façonné Mistra en un centre de pouvoir, Aspasia Louvi-Kizi analyse deux de ses monuments emblématiques, les monastères de la Péribleptos et de la Pantanassa, proposant une nouvelle histoire de leur construction.
Des éléments de l’art franc, c’est-à-dire occidental ou gothique, étrangers à la tradition byzantine locale, ont été incorporés dans leur architecture. Distincts de la production franco-byzantine de la principauté voisine d’Achaïe, ces éléments gothiques de Mistra ont plutôt à voir avec l’art occidental de Chypre ; la contribution d’Isabelle à leur introduction dans le Péloponnèse est alors déterminante. Ces éléments occidentaux, qui ornent les clochers et les tours sur les façades, sont combinés avec les éléments byzantins et constituent une véritable expression de la politique pro-occidentale du couple de despotes, en symbiose avec la politique impériale de Constantinople à l’époque. Dans le monde fragmenté et multipolaire de la Méditerranée orientale à la veille de la conquête ottomane, ce livre met ainsi en lumière le rôle de Mistra en tant que centre régional de pouvoir et contribue à sa réinterprétation. En poursuivant ce dialogue international sur un site de renom, l’École française d’Athènes dit aussi son attachement aux regards croisés qui font émerger la complexité des échanges à l’oeuvre dans cette histoire d’un monde grec en transition.

Aspasia Louvi-Kizi, archéologue byzantiniste, docteur en histoire et civilisation du monde byzantin et post-byzantin (université Paris 1), a travaillé en France à l’Unesco et en Grèce dans la gestion culturelle et dans l’enseignement. Elle est aujourd’hui conseillère culturelle auprès de la Banque nationale de Grèce.


📢 "Les voix de la Méditerranée et des Balkans portées par l’École française d’Athènes."
📌 Ne manquez aucun épisode, abonnez-vous dès maintenant !


Crédits

Interview : Samia Samara (EFA)

Réalisation : Marina Leclercq (EFA)





Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #1

    Je m'appelle Aspasie Louvi. J'ai effectué mes études en France, et ce qui m'a toujours fascinée, c'est de relier la civilisation byzantine à la civilisation médiévale, qui était présente pendant plus de deux siècles en Grèce, et plus spécifiquement dans le Péloponnèse. Mon travail s'est essentiellement concentré sur le site de Mistra. Mistra, en effet, est indissociable de la Quatrième Croisade et de l'arrivée de Guillaume de Villehardouin, qui construisit une forteresse sur cette colline, comme il le fit dans plusieurs régions du Péloponnèse. Cependant, en l’espace d’une décennie seulement, Mystra est devenue une ville byzantine, tout en restant dépendante de la forteresse de Villehardouin. Ce qui m’a poussée à entreprendre cette recherche, c'est que j'avais constaté que certains résultats, fondés sur des sources erronées et des études incomplètes, étaient présentés comme des vérités indiscutables. Cela m’a incitée à mener mes propres recherches pour renverser ces hypothèses erronées, ce que j'ai réussi à accomplir dans ce livre. La deuxième question qui a émergé de ma réflexion concerne les monuments latins de Mystra. En effet, dans les palais et maisons de la ville, il n’y a que deux monuments ecclésiastiques latins : le monastère de la Périvleptos et celui de Pandanasa. Pour répondre à ces interrogations, j’ai mené des recherches pendant plus de 30 ans, m'appuyant sur des sources historiques connues, mais aussi sur d'autres qui étaient jusqu’alors inexplorées. Il a également été crucial de porter une attention particulière aux vestiges archéologiques restant à Mystra. Cela m’a permis d’élaborer des plans détaillés des deux monuments chrétiens, la Périvleptos et la Pandanasa. Ces plans ont été essentiels pour reconstituer les phases de construction de ces bâtiments, en tenant compte de leurs fondateurs, de leurs rénovateurs et des différents moments décisifs de leur histoire. Toutes ces données ont été analysées en fonction du contexte historique, qui évoluait de décennie en décennie. L’une des découvertes majeures de ma recherche concerne une inscription bien connue depuis le 19e siècle, toujours visible au petit musée de Mistra. Il s'agit de celle d’Isabelle de Lusignan, épouse de Manuel Cantacuzène. Cette inscription, qui porte le nom grecisé d’Isabelle (Zambère de Lusignan), était accompagnée de l'emblème de la famille royale de Chypre, les Lusignan. Cela soulève une question : comment un emblème de la royauté chypriote a-t-il pu se retrouver à Mistra ? Une étude minutieuse de cette inscription m'a permis de déduire l'importance de l'effacement de la mémoire d'Isabelle de Lusignan dans l’histoire byzantine, probablement en raison de sa position ambiguë vis-à-vis des deux dogmes chrétiens, le catholicisme et l’orthodoxie. L'église de la Périvleptos est un monument richement décoré, avec un programme iconographique remarquable. Il est également le témoignage d’un art extraordinaire, et il est clair que des artistes venus de la capitale byzantine ont participé à sa réalisation. Un aspect intriguant de ce monument est qu'il se trouve en dehors des murs de la ville de Mystra, ce qui soulève la question de sa signification et de son usage. D’après mes recherches, il semble que ce monastère ait été utilisé par l’Église catholique, particulièrement pendant la présence d’Isabelle de Lusignan à Mistra et lors de l'occupation vénitienne de la ville. Le deuxième monument de mon étude, le monastère de Pandanasa, portait à l'origine le nom de « Christos Zoodotes » (le Christ, donneur de la vie) et a été fondé sous la dynastie des Cantacuzènes. Isabelle de Lusignan a également participé à sa rénovation, en y ajoutant une tour clocher marquée par des éléments architecturaux occidentaux. Ce monument doit son nom actuel à Ioannis Frangopoulos, qui l’a transformé en basilique avec tribune et coupole, pour des raisons politiques. Ce changement architectural a été parallèlement réalisé dans la métropole de Mistra sous l’influence du métropolite Mathieu. Ainsi, ces deux monuments, la Pandanasa et la métropole de Mystra, ont été remodelés pour répondre aux besoins symboliques et politiques de l’époque, notamment en créant des espaces adaptés à l’accueil de l’empereur byzantin. Enfin, il est important de rectifier une idée reçue : l’église de Sainte-Sophie de Mistra n’a jamais porté le nom de l'église de Christos Zoodotes (le Christ, donneur de la vie). La période des Paléologues a apporté peu de changements notables à la ville, notamment en ce qui concerne les constructions ecclésiastiques, malgré la présence de nombreux despotes. Toutefois, à la fin de la période byzantine, avant l’arrivée des Turcs en 1460, un monument public important a été ajouté : l’agrandissement du palais impérial, avec une grande salle destinée au trône. Cela renforce l’idée que la politique de l’époque préparait la venue éventuelle du trône impérial à Mistra, bien que cette hypothèse ait été démentie par l’évolution historique qui s’en est suivie. Cette recherche propose ainsi une relecture de l’histoire de Mistra, en éclairant des aspects peu explorés et en remettant en question certains récits établis. Elle permet de mieux comprendre l'impact des influences politiques et religieuses sur la ville et ses monuments.

Chapters

  • Introduction à la recherche sur Mystra

    00:19

  • Les monuments latins à Mystra et leur signification

    01:41

  • Analyse des vestiges archéologiques de Mystra

    03:06

  • Étude des inscriptions et de leur importance historique

    04:00

  • Contexte politique et architectural des monuments de Mystra

    08:38

Description

La rencontre pacifique de deux mondes chrétiens. Les monastères de la Péribleptos et de la Pantanassa à Mistra, par Aspasía Loúvī-Kízī (Éditions EFA)


En publiant en français cet ouvrage, dont une première version a d’abord paru en grec sous les auspices de l’Académie d’Athènes, l’École française d’Athènes fait connaître les recherches d’une grande spécialiste du Péloponnèse franc et byzantin, Aspasia Louvi-Kizi, dont le travail révèle toute la complexité des formes architecturales, des emprunts et des modèles repérables dans les monuments de la ville byzantine et médiévale de Mistra. Parmi les créations architecturales du couple de despotes, Manuel Cantacuzène (1349-1380) et son épouse Isabelle de Lusignan, qui a façonné Mistra en un centre de pouvoir, Aspasia Louvi-Kizi analyse deux de ses monuments emblématiques, les monastères de la Péribleptos et de la Pantanassa, proposant une nouvelle histoire de leur construction.
Des éléments de l’art franc, c’est-à-dire occidental ou gothique, étrangers à la tradition byzantine locale, ont été incorporés dans leur architecture. Distincts de la production franco-byzantine de la principauté voisine d’Achaïe, ces éléments gothiques de Mistra ont plutôt à voir avec l’art occidental de Chypre ; la contribution d’Isabelle à leur introduction dans le Péloponnèse est alors déterminante. Ces éléments occidentaux, qui ornent les clochers et les tours sur les façades, sont combinés avec les éléments byzantins et constituent une véritable expression de la politique pro-occidentale du couple de despotes, en symbiose avec la politique impériale de Constantinople à l’époque. Dans le monde fragmenté et multipolaire de la Méditerranée orientale à la veille de la conquête ottomane, ce livre met ainsi en lumière le rôle de Mistra en tant que centre régional de pouvoir et contribue à sa réinterprétation. En poursuivant ce dialogue international sur un site de renom, l’École française d’Athènes dit aussi son attachement aux regards croisés qui font émerger la complexité des échanges à l’oeuvre dans cette histoire d’un monde grec en transition.

Aspasia Louvi-Kizi, archéologue byzantiniste, docteur en histoire et civilisation du monde byzantin et post-byzantin (université Paris 1), a travaillé en France à l’Unesco et en Grèce dans la gestion culturelle et dans l’enseignement. Elle est aujourd’hui conseillère culturelle auprès de la Banque nationale de Grèce.


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Interview : Samia Samara (EFA)

Réalisation : Marina Leclercq (EFA)





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Transcription

  • Speaker #1

    Je m'appelle Aspasie Louvi. J'ai effectué mes études en France, et ce qui m'a toujours fascinée, c'est de relier la civilisation byzantine à la civilisation médiévale, qui était présente pendant plus de deux siècles en Grèce, et plus spécifiquement dans le Péloponnèse. Mon travail s'est essentiellement concentré sur le site de Mistra. Mistra, en effet, est indissociable de la Quatrième Croisade et de l'arrivée de Guillaume de Villehardouin, qui construisit une forteresse sur cette colline, comme il le fit dans plusieurs régions du Péloponnèse. Cependant, en l’espace d’une décennie seulement, Mystra est devenue une ville byzantine, tout en restant dépendante de la forteresse de Villehardouin. Ce qui m’a poussée à entreprendre cette recherche, c'est que j'avais constaté que certains résultats, fondés sur des sources erronées et des études incomplètes, étaient présentés comme des vérités indiscutables. Cela m’a incitée à mener mes propres recherches pour renverser ces hypothèses erronées, ce que j'ai réussi à accomplir dans ce livre. La deuxième question qui a émergé de ma réflexion concerne les monuments latins de Mystra. En effet, dans les palais et maisons de la ville, il n’y a que deux monuments ecclésiastiques latins : le monastère de la Périvleptos et celui de Pandanasa. Pour répondre à ces interrogations, j’ai mené des recherches pendant plus de 30 ans, m'appuyant sur des sources historiques connues, mais aussi sur d'autres qui étaient jusqu’alors inexplorées. Il a également été crucial de porter une attention particulière aux vestiges archéologiques restant à Mystra. Cela m’a permis d’élaborer des plans détaillés des deux monuments chrétiens, la Périvleptos et la Pandanasa. Ces plans ont été essentiels pour reconstituer les phases de construction de ces bâtiments, en tenant compte de leurs fondateurs, de leurs rénovateurs et des différents moments décisifs de leur histoire. Toutes ces données ont été analysées en fonction du contexte historique, qui évoluait de décennie en décennie. L’une des découvertes majeures de ma recherche concerne une inscription bien connue depuis le 19e siècle, toujours visible au petit musée de Mistra. Il s'agit de celle d’Isabelle de Lusignan, épouse de Manuel Cantacuzène. Cette inscription, qui porte le nom grecisé d’Isabelle (Zambère de Lusignan), était accompagnée de l'emblème de la famille royale de Chypre, les Lusignan. Cela soulève une question : comment un emblème de la royauté chypriote a-t-il pu se retrouver à Mistra ? Une étude minutieuse de cette inscription m'a permis de déduire l'importance de l'effacement de la mémoire d'Isabelle de Lusignan dans l’histoire byzantine, probablement en raison de sa position ambiguë vis-à-vis des deux dogmes chrétiens, le catholicisme et l’orthodoxie. L'église de la Périvleptos est un monument richement décoré, avec un programme iconographique remarquable. Il est également le témoignage d’un art extraordinaire, et il est clair que des artistes venus de la capitale byzantine ont participé à sa réalisation. Un aspect intriguant de ce monument est qu'il se trouve en dehors des murs de la ville de Mystra, ce qui soulève la question de sa signification et de son usage. D’après mes recherches, il semble que ce monastère ait été utilisé par l’Église catholique, particulièrement pendant la présence d’Isabelle de Lusignan à Mistra et lors de l'occupation vénitienne de la ville. Le deuxième monument de mon étude, le monastère de Pandanasa, portait à l'origine le nom de « Christos Zoodotes » (le Christ, donneur de la vie) et a été fondé sous la dynastie des Cantacuzènes. Isabelle de Lusignan a également participé à sa rénovation, en y ajoutant une tour clocher marquée par des éléments architecturaux occidentaux. Ce monument doit son nom actuel à Ioannis Frangopoulos, qui l’a transformé en basilique avec tribune et coupole, pour des raisons politiques. Ce changement architectural a été parallèlement réalisé dans la métropole de Mistra sous l’influence du métropolite Mathieu. Ainsi, ces deux monuments, la Pandanasa et la métropole de Mystra, ont été remodelés pour répondre aux besoins symboliques et politiques de l’époque, notamment en créant des espaces adaptés à l’accueil de l’empereur byzantin. Enfin, il est important de rectifier une idée reçue : l’église de Sainte-Sophie de Mistra n’a jamais porté le nom de l'église de Christos Zoodotes (le Christ, donneur de la vie). La période des Paléologues a apporté peu de changements notables à la ville, notamment en ce qui concerne les constructions ecclésiastiques, malgré la présence de nombreux despotes. Toutefois, à la fin de la période byzantine, avant l’arrivée des Turcs en 1460, un monument public important a été ajouté : l’agrandissement du palais impérial, avec une grande salle destinée au trône. Cela renforce l’idée que la politique de l’époque préparait la venue éventuelle du trône impérial à Mistra, bien que cette hypothèse ait été démentie par l’évolution historique qui s’en est suivie. Cette recherche propose ainsi une relecture de l’histoire de Mistra, en éclairant des aspects peu explorés et en remettant en question certains récits établis. Elle permet de mieux comprendre l'impact des influences politiques et religieuses sur la ville et ses monuments.

Chapters

  • Introduction à la recherche sur Mystra

    00:19

  • Les monuments latins à Mystra et leur signification

    01:41

  • Analyse des vestiges archéologiques de Mystra

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Des éléments de l’art franc, c’est-à-dire occidental ou gothique, étrangers à la tradition byzantine locale, ont été incorporés dans leur architecture. Distincts de la production franco-byzantine de la principauté voisine d’Achaïe, ces éléments gothiques de Mistra ont plutôt à voir avec l’art occidental de Chypre ; la contribution d’Isabelle à leur introduction dans le Péloponnèse est alors déterminante. Ces éléments occidentaux, qui ornent les clochers et les tours sur les façades, sont combinés avec les éléments byzantins et constituent une véritable expression de la politique pro-occidentale du couple de despotes, en symbiose avec la politique impériale de Constantinople à l’époque. Dans le monde fragmenté et multipolaire de la Méditerranée orientale à la veille de la conquête ottomane, ce livre met ainsi en lumière le rôle de Mistra en tant que centre régional de pouvoir et contribue à sa réinterprétation. En poursuivant ce dialogue international sur un site de renom, l’École française d’Athènes dit aussi son attachement aux regards croisés qui font émerger la complexité des échanges à l’oeuvre dans cette histoire d’un monde grec en transition.

Aspasia Louvi-Kizi, archéologue byzantiniste, docteur en histoire et civilisation du monde byzantin et post-byzantin (université Paris 1), a travaillé en France à l’Unesco et en Grèce dans la gestion culturelle et dans l’enseignement. Elle est aujourd’hui conseillère culturelle auprès de la Banque nationale de Grèce.


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  • Speaker #1

    Je m'appelle Aspasie Louvi. J'ai effectué mes études en France, et ce qui m'a toujours fascinée, c'est de relier la civilisation byzantine à la civilisation médiévale, qui était présente pendant plus de deux siècles en Grèce, et plus spécifiquement dans le Péloponnèse. Mon travail s'est essentiellement concentré sur le site de Mistra. Mistra, en effet, est indissociable de la Quatrième Croisade et de l'arrivée de Guillaume de Villehardouin, qui construisit une forteresse sur cette colline, comme il le fit dans plusieurs régions du Péloponnèse. Cependant, en l’espace d’une décennie seulement, Mystra est devenue une ville byzantine, tout en restant dépendante de la forteresse de Villehardouin. Ce qui m’a poussée à entreprendre cette recherche, c'est que j'avais constaté que certains résultats, fondés sur des sources erronées et des études incomplètes, étaient présentés comme des vérités indiscutables. Cela m’a incitée à mener mes propres recherches pour renverser ces hypothèses erronées, ce que j'ai réussi à accomplir dans ce livre. La deuxième question qui a émergé de ma réflexion concerne les monuments latins de Mystra. En effet, dans les palais et maisons de la ville, il n’y a que deux monuments ecclésiastiques latins : le monastère de la Périvleptos et celui de Pandanasa. Pour répondre à ces interrogations, j’ai mené des recherches pendant plus de 30 ans, m'appuyant sur des sources historiques connues, mais aussi sur d'autres qui étaient jusqu’alors inexplorées. Il a également été crucial de porter une attention particulière aux vestiges archéologiques restant à Mystra. Cela m’a permis d’élaborer des plans détaillés des deux monuments chrétiens, la Périvleptos et la Pandanasa. Ces plans ont été essentiels pour reconstituer les phases de construction de ces bâtiments, en tenant compte de leurs fondateurs, de leurs rénovateurs et des différents moments décisifs de leur histoire. Toutes ces données ont été analysées en fonction du contexte historique, qui évoluait de décennie en décennie. L’une des découvertes majeures de ma recherche concerne une inscription bien connue depuis le 19e siècle, toujours visible au petit musée de Mistra. Il s'agit de celle d’Isabelle de Lusignan, épouse de Manuel Cantacuzène. Cette inscription, qui porte le nom grecisé d’Isabelle (Zambère de Lusignan), était accompagnée de l'emblème de la famille royale de Chypre, les Lusignan. Cela soulève une question : comment un emblème de la royauté chypriote a-t-il pu se retrouver à Mistra ? Une étude minutieuse de cette inscription m'a permis de déduire l'importance de l'effacement de la mémoire d'Isabelle de Lusignan dans l’histoire byzantine, probablement en raison de sa position ambiguë vis-à-vis des deux dogmes chrétiens, le catholicisme et l’orthodoxie. L'église de la Périvleptos est un monument richement décoré, avec un programme iconographique remarquable. Il est également le témoignage d’un art extraordinaire, et il est clair que des artistes venus de la capitale byzantine ont participé à sa réalisation. Un aspect intriguant de ce monument est qu'il se trouve en dehors des murs de la ville de Mystra, ce qui soulève la question de sa signification et de son usage. D’après mes recherches, il semble que ce monastère ait été utilisé par l’Église catholique, particulièrement pendant la présence d’Isabelle de Lusignan à Mistra et lors de l'occupation vénitienne de la ville. Le deuxième monument de mon étude, le monastère de Pandanasa, portait à l'origine le nom de « Christos Zoodotes » (le Christ, donneur de la vie) et a été fondé sous la dynastie des Cantacuzènes. Isabelle de Lusignan a également participé à sa rénovation, en y ajoutant une tour clocher marquée par des éléments architecturaux occidentaux. Ce monument doit son nom actuel à Ioannis Frangopoulos, qui l’a transformé en basilique avec tribune et coupole, pour des raisons politiques. Ce changement architectural a été parallèlement réalisé dans la métropole de Mistra sous l’influence du métropolite Mathieu. Ainsi, ces deux monuments, la Pandanasa et la métropole de Mystra, ont été remodelés pour répondre aux besoins symboliques et politiques de l’époque, notamment en créant des espaces adaptés à l’accueil de l’empereur byzantin. Enfin, il est important de rectifier une idée reçue : l’église de Sainte-Sophie de Mistra n’a jamais porté le nom de l'église de Christos Zoodotes (le Christ, donneur de la vie). La période des Paléologues a apporté peu de changements notables à la ville, notamment en ce qui concerne les constructions ecclésiastiques, malgré la présence de nombreux despotes. Toutefois, à la fin de la période byzantine, avant l’arrivée des Turcs en 1460, un monument public important a été ajouté : l’agrandissement du palais impérial, avec une grande salle destinée au trône. Cela renforce l’idée que la politique de l’époque préparait la venue éventuelle du trône impérial à Mistra, bien que cette hypothèse ait été démentie par l’évolution historique qui s’en est suivie. Cette recherche propose ainsi une relecture de l’histoire de Mistra, en éclairant des aspects peu explorés et en remettant en question certains récits établis. Elle permet de mieux comprendre l'impact des influences politiques et religieuses sur la ville et ses monuments.

Chapters

  • Introduction à la recherche sur Mystra

    00:19

  • Les monuments latins à Mystra et leur signification

    01:41

  • Analyse des vestiges archéologiques de Mystra

    03:06

  • Étude des inscriptions et de leur importance historique

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  • Contexte politique et architectural des monuments de Mystra

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La rencontre pacifique de deux mondes chrétiens. Les monastères de la Péribleptos et de la Pantanassa à Mistra, par Aspasía Loúvī-Kízī (Éditions EFA)


En publiant en français cet ouvrage, dont une première version a d’abord paru en grec sous les auspices de l’Académie d’Athènes, l’École française d’Athènes fait connaître les recherches d’une grande spécialiste du Péloponnèse franc et byzantin, Aspasia Louvi-Kizi, dont le travail révèle toute la complexité des formes architecturales, des emprunts et des modèles repérables dans les monuments de la ville byzantine et médiévale de Mistra. Parmi les créations architecturales du couple de despotes, Manuel Cantacuzène (1349-1380) et son épouse Isabelle de Lusignan, qui a façonné Mistra en un centre de pouvoir, Aspasia Louvi-Kizi analyse deux de ses monuments emblématiques, les monastères de la Péribleptos et de la Pantanassa, proposant une nouvelle histoire de leur construction.
Des éléments de l’art franc, c’est-à-dire occidental ou gothique, étrangers à la tradition byzantine locale, ont été incorporés dans leur architecture. Distincts de la production franco-byzantine de la principauté voisine d’Achaïe, ces éléments gothiques de Mistra ont plutôt à voir avec l’art occidental de Chypre ; la contribution d’Isabelle à leur introduction dans le Péloponnèse est alors déterminante. Ces éléments occidentaux, qui ornent les clochers et les tours sur les façades, sont combinés avec les éléments byzantins et constituent une véritable expression de la politique pro-occidentale du couple de despotes, en symbiose avec la politique impériale de Constantinople à l’époque. Dans le monde fragmenté et multipolaire de la Méditerranée orientale à la veille de la conquête ottomane, ce livre met ainsi en lumière le rôle de Mistra en tant que centre régional de pouvoir et contribue à sa réinterprétation. En poursuivant ce dialogue international sur un site de renom, l’École française d’Athènes dit aussi son attachement aux regards croisés qui font émerger la complexité des échanges à l’oeuvre dans cette histoire d’un monde grec en transition.

Aspasia Louvi-Kizi, archéologue byzantiniste, docteur en histoire et civilisation du monde byzantin et post-byzantin (université Paris 1), a travaillé en France à l’Unesco et en Grèce dans la gestion culturelle et dans l’enseignement. Elle est aujourd’hui conseillère culturelle auprès de la Banque nationale de Grèce.


📢 "Les voix de la Méditerranée et des Balkans portées par l’École française d’Athènes."
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  • Speaker #1

    Je m'appelle Aspasie Louvi. J'ai effectué mes études en France, et ce qui m'a toujours fascinée, c'est de relier la civilisation byzantine à la civilisation médiévale, qui était présente pendant plus de deux siècles en Grèce, et plus spécifiquement dans le Péloponnèse. Mon travail s'est essentiellement concentré sur le site de Mistra. Mistra, en effet, est indissociable de la Quatrième Croisade et de l'arrivée de Guillaume de Villehardouin, qui construisit une forteresse sur cette colline, comme il le fit dans plusieurs régions du Péloponnèse. Cependant, en l’espace d’une décennie seulement, Mystra est devenue une ville byzantine, tout en restant dépendante de la forteresse de Villehardouin. Ce qui m’a poussée à entreprendre cette recherche, c'est que j'avais constaté que certains résultats, fondés sur des sources erronées et des études incomplètes, étaient présentés comme des vérités indiscutables. Cela m’a incitée à mener mes propres recherches pour renverser ces hypothèses erronées, ce que j'ai réussi à accomplir dans ce livre. La deuxième question qui a émergé de ma réflexion concerne les monuments latins de Mystra. En effet, dans les palais et maisons de la ville, il n’y a que deux monuments ecclésiastiques latins : le monastère de la Périvleptos et celui de Pandanasa. Pour répondre à ces interrogations, j’ai mené des recherches pendant plus de 30 ans, m'appuyant sur des sources historiques connues, mais aussi sur d'autres qui étaient jusqu’alors inexplorées. Il a également été crucial de porter une attention particulière aux vestiges archéologiques restant à Mystra. Cela m’a permis d’élaborer des plans détaillés des deux monuments chrétiens, la Périvleptos et la Pandanasa. Ces plans ont été essentiels pour reconstituer les phases de construction de ces bâtiments, en tenant compte de leurs fondateurs, de leurs rénovateurs et des différents moments décisifs de leur histoire. Toutes ces données ont été analysées en fonction du contexte historique, qui évoluait de décennie en décennie. L’une des découvertes majeures de ma recherche concerne une inscription bien connue depuis le 19e siècle, toujours visible au petit musée de Mistra. Il s'agit de celle d’Isabelle de Lusignan, épouse de Manuel Cantacuzène. Cette inscription, qui porte le nom grecisé d’Isabelle (Zambère de Lusignan), était accompagnée de l'emblème de la famille royale de Chypre, les Lusignan. Cela soulève une question : comment un emblème de la royauté chypriote a-t-il pu se retrouver à Mistra ? Une étude minutieuse de cette inscription m'a permis de déduire l'importance de l'effacement de la mémoire d'Isabelle de Lusignan dans l’histoire byzantine, probablement en raison de sa position ambiguë vis-à-vis des deux dogmes chrétiens, le catholicisme et l’orthodoxie. L'église de la Périvleptos est un monument richement décoré, avec un programme iconographique remarquable. Il est également le témoignage d’un art extraordinaire, et il est clair que des artistes venus de la capitale byzantine ont participé à sa réalisation. Un aspect intriguant de ce monument est qu'il se trouve en dehors des murs de la ville de Mystra, ce qui soulève la question de sa signification et de son usage. D’après mes recherches, il semble que ce monastère ait été utilisé par l’Église catholique, particulièrement pendant la présence d’Isabelle de Lusignan à Mistra et lors de l'occupation vénitienne de la ville. Le deuxième monument de mon étude, le monastère de Pandanasa, portait à l'origine le nom de « Christos Zoodotes » (le Christ, donneur de la vie) et a été fondé sous la dynastie des Cantacuzènes. Isabelle de Lusignan a également participé à sa rénovation, en y ajoutant une tour clocher marquée par des éléments architecturaux occidentaux. Ce monument doit son nom actuel à Ioannis Frangopoulos, qui l’a transformé en basilique avec tribune et coupole, pour des raisons politiques. Ce changement architectural a été parallèlement réalisé dans la métropole de Mistra sous l’influence du métropolite Mathieu. Ainsi, ces deux monuments, la Pandanasa et la métropole de Mystra, ont été remodelés pour répondre aux besoins symboliques et politiques de l’époque, notamment en créant des espaces adaptés à l’accueil de l’empereur byzantin. Enfin, il est important de rectifier une idée reçue : l’église de Sainte-Sophie de Mistra n’a jamais porté le nom de l'église de Christos Zoodotes (le Christ, donneur de la vie). La période des Paléologues a apporté peu de changements notables à la ville, notamment en ce qui concerne les constructions ecclésiastiques, malgré la présence de nombreux despotes. Toutefois, à la fin de la période byzantine, avant l’arrivée des Turcs en 1460, un monument public important a été ajouté : l’agrandissement du palais impérial, avec une grande salle destinée au trône. Cela renforce l’idée que la politique de l’époque préparait la venue éventuelle du trône impérial à Mistra, bien que cette hypothèse ait été démentie par l’évolution historique qui s’en est suivie. Cette recherche propose ainsi une relecture de l’histoire de Mistra, en éclairant des aspects peu explorés et en remettant en question certains récits établis. Elle permet de mieux comprendre l'impact des influences politiques et religieuses sur la ville et ses monuments.

Chapters

  • Introduction à la recherche sur Mystra

    00:19

  • Les monuments latins à Mystra et leur signification

    01:41

  • Analyse des vestiges archéologiques de Mystra

    03:06

  • Étude des inscriptions et de leur importance historique

    04:00

  • Contexte politique et architectural des monuments de Mystra

    08:38

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